Discours de Fatma Nakib : cérémonie officielle de levée du drapeau LGBT+ à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre les LGBT+phobies.

Discours de Fatma Nakib : cérémonie officielle de levée du drapeau LGBT+ à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre les LGBT+phobies.

Le 17 mai est une date éminemment symbolique, d’une grande importance historique pour le monde LGBT+, car c’est à cette même date, en 1992, que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) supprimait l’homosexualité de sa liste des maladies mentales.

Depuis cette première victoire, les associations ont poursuivies les luttes, relayées par les politiques à l’assemblée nationale, et, en France, l’homosexualité bénéficie d’une reconnaissance qui peut sembler satisfaisante. L’égalité des droits progresse, l’homophobie, comme toutes les formes de discrimination, est punie par la loi, et la visibilité acquise par la communauté est importante. Cependant, la condition des personnes LGBT+ reste encore difficile, tant les avancées législatives mettent du temps à pénétrer toutes les consciences. Le chemin à parcourir est malheureusement encore long.


A titre d’exemple, le week-end dernier, plusieurs joueurs de football professionnels ont refusé de porter un maillot comportant le slogan «Homo ou hétéro, on porte tous le même maillot» et – je cite – « Les employeurs des joueurs en ont «pris acte» (Guingamp) ou se sont montrés «respectueux des choix individuels de [leurs] joueurs». De belles phrases pour dire qu’en fait, encore aujourd’hui, de nombreuses personnes considèrent que ce n’est pas « normal » de ne pas être hétéro. Les dirigeants des clubs auraient dû le déplorer, présenter des excuses médiatiques, mais ils choisissent de respecter des « convictions personnelles ». C’est tout ? C’est moche, dramatique, choquant. Pourtant, ce serait facile de leur faire signer, en même temps que leurs contrats mirobolants, des clauses qui engagent au respect des valeurs morales de la République, qui reconnait notamment à chacune et chacun la liberté et le droit de choisir sa sexualité et ses amours, non? Porter les couleur d’un club français ne devrait pas être à géométrie variable.


A Montpellier, l’organisation d’une journée contre toutes les LGBTphobies permet d’inscrire les luttes dans une démarche de solidarité avec toutes les personnes lesbiennes, gaies, bi, trans et autre. Il s’agit aussi d’inscrire ces luttes dans une démarche plus globale de défense des droits humains. Parce ce que, nous devons bien le comprendre, discriminer une personne revient à détruire sa vie.


A Montpellier, nous le disons et le répétons : Il est inacceptable que des individus soient discriminés ou maltraités en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre. Nous devons toutes et tous travailler ensemble pour créer un environnement inclusif, sûr et respectueux pour chacune, chacun de nos concitoyens, indépendamment de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre.


Déployées toute l’année, nos actions sont multiples :

  • Nous soutenons les associations engagées dans la défense et la promotion des droits des personnes LGBT+ , qui proposent de nombreuses actions pour sensibiliser et éduquer la population, notamment les jeunes générations ; Je pense par exemple aux sensibilisations organisées par SOS Homophobie 34, que je salue et remercie de nous avoir présenté son rapport ; mais je pense aussi à toutes les associations qui travaillent au quotidien pour faire reconnaitre et respecter une liberté qui devrait couler de source ; elles savent qu’elles peuvent compter sur l’entière collaboration de la ville pour organiser leurs évènement et notamment célébrer le mois des Fiertés, qui commence aujourd’hui. Je vous invite à en découvrir le programme sur le site de Fierté Montpellier Pride, qui assure la coordination de l’inter-asso, programme relayé également sur le site et les réseaux sociaux de la ville.
  • En ce qui concerne plus spécifiquement la lutte contre les actes LGBT-phobes, la Cellule de veille est en place et se réunit chaque trimestre. Pilotée par le CLSPD, elle regroupe de nombreux partenaires associatifs et institutionnels (Préfecture, Unité médico-judicaire, Université de Montpellier, Université Paul Valéry, Éducation nationale, Parquet), les acteurs de la sécurité (Police nationale et Police municipale). Cette cellule permet d’être informé des agressions afin d’agir de concert pour qu’elles ne restent pas impunies; elle permet également d’échanger sur les pratiques des uns et des autres. Le conventionnement avec FLAG va dans ce sens et nous poursuivons la campagne qui incite à libérer la parole et à signaler les faits d’homophobie, que l’on soit victime ou témoin.
  • En interne, nous nous devons d’être exemplaire, et travaillons à l’obtention du Label diversités AFNOR. Pour cela nous formons nos personnels managers et nos équipes RH afin de recruter sans discriminer ; Nous formons également nos agents à repérer et à agir contre les discriminations ; Nous avons mis en place un protocole interne, qui facilite les signalements et les recours en cas de discrimination, d’agression et/ou de harcèlement ; Pour améliorer encore nos pratiques la ville et la métropole ont choisi de renouveler officiellement leur adhésion à la charte de l’Autre cercle, dont je salue la présence. Le CCAS, la TAM, ACM et bien d’autres seront amenés à le faire également.

    Nous ne pouvons pas conclure un temps comme celui-là sans avoir une pensée pour les nombreux pays du monde où l’homosexualité est encore réprimée et combattue ; sans avoir une pensée pour celles et ceux qui, malgré les énormes risques encourus, poursuivent le long combat pour la liberté d’aimer à sa guise. Le Rainbow flag, ce beau drapeau, qui exprime si bien les nuances des corps et des cœurs, va maintenant être hissé sur le mât de notre maison commune. Ce symbole d’inclusion, nous le partageons aujourd’hui avec toutes les personnes qui, localement ou dans le monde, ouvrent des chemins à l’espoir.