La Ville et la Métropole veulent poursuivre l’expérimentation des pistes cyclables temporaires lancée pendant le confinement, tout en créant des voies mixtes.

Manu Reynaud et Julie Frêche

Depuis le confinement, des pistes cyclables temporaires sont apparues sur les grands axes de la ville. Nouvellement élus, Julie Frêche, vice-présidente de la Métropole déléguée au transport et aux mobilités actives, et Manu Reynaud, adjoint à la Ville apaisée et respirable, réaffirment ici leur volonté de poursuivre l’expérimentation entreprise par Philippe Saurel et son équipe.

Quelle est votre réflexion autour des pistes cyclables temporaires ?

Julie Frêche : Avec le confinement et l’absence de circulation, on a observé un effet d’aubaine pour le vélo. Quelque 552 km de pistes cyclables ont été créés dans les villes de France. À Montpellier, elles connaissent un certain succès, puisqu’on observe déjà 1 550 passages de vélos par jour, avenue Charles-Flahaut. Mais ces pistes constituent des expérimentations. On va les prolonger mais on ne va pas les pérenniser tout de suite, compte tenu de la période exceptionnelle dans laquelle on se trouve.

Le but de cette expérimentation, c’est d’avoir une analyse fine de la situation pour prendre les meilleures décisions. Les objectifs majeurs sont de sécuriser les cyclistes, assurer des vitesses commerciales pour les futurs bus à haut niveau de service, et réduire la part modale de la voiture pour développer les mobilités actives et préserver l’environnement. Mais sauf exception, on ne reviendra pas sur ce qui a été pris à la voiture.

Une bonne piste cyclable, c’est une piste en site propre (réservée aux cyclistes). Dès que ça sera possible, nous en ferons. Et quand ça posera des difficultés, notamment pour le passage des véhicules de secours ou des bus, nous privilégierons les voies mixtes.

Comment seront-elles signalées ?

Manu Reynaud : Des balises jaunes réfléchissantes fixées au sol, qui remplaceront les grands plots rouges et blancs mobiles, sépareront bien les vélos des voitures. D’autre part, on développera des voies mixtes vélos-bus-véhicules de secours, notamment sur les boulevards de ceinture. Ce qui permettra d’augmenter la vitesse des bus. Mais, quel que soit le type de piste, on va favoriser le passage des véhicules de secours et d’urgence.

On a organisé une réunion de travail avec des associations dont Vélocité, ainsi que le Sdis, Tam et l’État pour leur présenter ces propositions, qui ont reçu un accueil très favorable. On veut aller vite. Les travaux démarrent le 10 août, avec une livraison à la rentrée. On va aussi installer des panneaux aux feux tricolores, permettant aux vélos de tourner à gauche, à droite, ou d’aller tout droit. Sans oublier de multiplier les anneaux et réserver mille places de vélo en parkings souterrains en centre-ville, destinés aux habitants et aux personnes qui viennent y travailler. On va enfin travailler sur la question de la signalétique car, avec les plots rouges et blancs, beaucoup de gens ne savaient pas qu’il s’agissait de pistes cyclables.

Julie Frêche : Il y a une volonté du maire de travailler sur l’esthétisme de ces pistes cyclables. Nous nous inscrivons, en effet, dans une démarche d’inscription de l’Écusson au patrimoine mondial de l’Unesco.

Avez-vous l’intention de réduire la place accordée à l’automobile ?

Julie Frêche : Oui, bien sûr. Route de Mende, 106 places de parking vont être supprimées pour laisser place aux vélos. Ça va de pair avec la fin de la gratuité dans les parkings. Tout cela vise à réduire la place de l’automobile. On veut intégrer cette question dans les 150 millions d’euros votés en faveur des mobilités actives. Boulevard Clemenceau, la ligne 5 de tramway remplacera la voiture et élargira l’espace piétonnier de l’Écusson vers les boulevards de ceinture. De façon concomitante à la mise en place des zones à 30 km/h, on va expérimenter la piétonnisation des abords des écoles. On va aussi travailler sur la formation des scolaires dès la rentrée. Mais on ne veut pas limiter cette politique vélo au centre-ville. Il faut développer cette politique dans les quartiers prioritaires, comme à La Paillade, où il n’y a eu aucun travail sur le vélo.

Manu Reynaud : Il faut un respect mutuel. On va faire de la pédagogie. Mais il y aura aussi de la vidéoverbalisation, dès septembre, sur l’avenue de Toulouse.

Pourquoi est-ce aussi tendu entre automobilistes et cyclistes ?

Manu Reynaud : Parce qu’on est au tout début d’un débat sur le partage de la voirie. Il est normal que ces pistes transitoires fassent débat. Les automobilistes ont l’impression de passer plus de temps dans les bouchons, notamment sur l’avenue de la Justice-de-Castelnau. Mais là, ce sont surtout les travaux du tram qui bloquent le trafic.

Olivier Merliaud (directeur général adjoint mobilité environnement à la Métropole) : Le trafic se reporte aussi sur des axes plus lointains, notamment grâce aux applications d’itinéraires. Pour ce qui est des tourne-à-gauche, ceux qui posent problème nous incitent à revoir le plan de circulation du quartier, comme avenue de Toulouse. Au total, un millier de plots rouges et blancs ont été installés. Mais comme on a de plus en plus de voies mixtes, on a de moins en moins besoin de balises. À la rentrée, on aura de nouvelles voies mixtes sur La Pompignane, Clemenceau et la partie sud de la route de Mende. D’autres tronçons sont à l’étude.

Midi Libre

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