[La Gazette des Communes] Pourquoi la taxe d’enlèvement des ordures ménagères augmente à Montpellier

[La Gazette des Communes] Pourquoi la taxe d’enlèvement des ordures ménagères augmente à Montpellier

Publié le 13/04/2021 • Par Solange de Fréminville

Lire l’article sur: https://www.lagazettedescommunes.com/740259/pourquoi-la-taxe-denlevement-des-ordures-menageres-augmente-a-montpellier

François VASQUEZ | Montpellier Méditerranée Métropole

La fiscalité des déchets va augmenter dans la métropole de Montpellier, et ce ne sera sans doute pas la dernière des collectivités à le faire cette année, du fait de hausse de la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP). François Vasquez, vice-président de la Métropole de Montpellier délégué à la collecte, au tri, à la valorisation des déchets et à la politique zéro déchet, a accepté de répondre aux questions de la Gazette pour expliquer ce choix.

La nouvelle équipe élue à la tête de la Métropole de Montpellier en 2020, sous la conduite du socialiste Michaël Delafosse, a décidé d’augmenter la taxe d’enlèvement des ordures ménagères cette année, par un vote le 30 mars 2021 en conseil métropolitain. Il faut notamment couvrir le coût croissant des 70 000 tonnes de déchets exportés pour être enfouis ailleurs, qui est le « résultat de plus de quinze ans d’incurie », estime François Vasquez, vice-président de la Métropole de Montpellier délégué à la collecte, au tri, à la valorisation des déchets et à la politique zéro déchet. Il s’engage aussi dès maintenant dans une politique de « territoire zéro déchet », avec le projet d’introduire en 2024 une tarification incitative. Explications.

Pour quelles raisons la métropole de Montpellier a-t-elle augmenté la taxe d’enlèvement des ordures ménagères ?

Fin 2019, la métropole a fermé sa décharge, à Castries, et exporté 70 000 tonnes de déchets, enfouis sur d’autres sites en Occitanie, pour un coût de 15 millions d’euros qui n’est pas couvert par la taxe d’enlèvement des ordures ménagères (TEOM). C’est le résultat de plus de quinze ans d’incurie : rien n’a été fait pour la réduction des déchets à la source. La métropole puise depuis longtemps dans son budget général pour le traitement des déchets. Une véritable gabegie ! Et un passif dont j’hérite … Aussi avons-nous augmenté la TEOM de +1,1 %. Elle sera désormais de 12,35 %, ce qui apportera seulement la moitié des 15 millions d’euros nécessaires. Pour les habitants de la ville de Montpellier, cette augmentation représente en moyenne une hausse de 20 euros par foyer et par an. Mais on traîne encore un boulet de 7,5 millions d’euros. Comme la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) flambe, il faudra payer trois à quatre millions d’euros supplémentaires dans les prochaines années.

Comment réduire ces coûts ?

Notre ambition, c’est de faire de la métropole de Montpellier un « territoire zéro déchet », avec une politique très volontariste qui vise à diminuer les déchets de 40 % d’ici à 2024. Dès cette année, deux zones pilotes « zéro déchet » vont nous permettre de calibrer des solutions déjà éprouvées ailleurs. L’une réunit dix communes de l’ouest de la métropole, soit 80 000 habitants ; l’autre couvre un quartier de Montpellier, les Grisettes. Pour les biodéchets, qui représentent un tiers de la poubelle des ménages, nous installons des composteurs individuels ou collectifs, par immeuble ou par quartier, avec une collecte adaptée, et nous créons dans un premier temps deux plateformes de compostage, l’une à l’est, l’autre à l’ouest, qui accueilleront aussi les déchets verts.

Suez, qui exploite Amétyst, a aménagé une station de compostage pour les 1 800 tonnes de biodéchets déjà collectés – nous avons obtenu qu’ils soient triés alors qu’ils ont été mélangés aux autres déchets pendant des années – et, à notre demande, pourrait l’agrandir. Le compost profitera aux terres agricoles de la métropole et des environs.

Nous préparons aussi différentes actions : le « zéro plastique » appliqué à tout événementiel, une campagne pour accentuer le tri du verre en partenariat avec la Ligue contre le cancer, la réintroduction de la consigne sur le verre, des contenants réutilisables pour la vente à emporter, la lutte contre le gaspillage alimentaire, etc. Mais j’ai un problème : les services de la métropole sur les biodéchets, la tarification, etc., sont sous-dimensionnés et tout est très long. Je bataille pour renforcer nos moyens.

À lire aussi : L’usine de méthanisation Amétyst, un pari technique chèrement payé

Le système de tarification va-t-il changer ?

Nous avons demandé à un bureau d’études d’examiner deux scénarios : une TEOM incitative sur les déchets ou une redevance qui comporte une part fixe et une part variable basée sur le poids ou la levée des déchets, comme cela se fait par exemple dans le Grand Besançon. La redevance a ma préférence, car on paye selon sa consommation, et elle oblige à créer un budget annexe, dédié. C’est transparent. On ne peut plus piocher dans le budget général de la collectivité. Mais l’Etat n’y encourage pas, il rend ce dispositif compliqué et coûteux. On peut compenser par des mesures sociales, notamment pour les familles modestes et nombreuses, par exemple avec des « chèques déchets ». Nous prévoyons la mise en place de la nouvelle tarification en 2024.